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Francis Melville Lynch, une vie de héros de roman.

Nous sommes des milliers à faire le tour du Rond-Point Melville Lynch, tout les jours à Anglet, sans se poser la question de savoir qui était cet homme.

Son histoire est juste celle d’un héros de roman ou de film.

Sa famille est en Aquitaine depuis plus de trois siècles. Ses ancêtres sont originaires de Galway en Irlande. Etablis à Bordeaux au XVII éme siècle. ils deviennent l’une des plus riches familles commerçantes. Jean-Baptiste Lynch est fait comte d’Empire et maire de Bordeaux en 1808. Ce qui ne l’empêche pas de livrer la ville à Louis XVIII en 1814. Francis vient de la branche qui se fixe dans le Médoc pour y développer le Château-Lynch; scindé ensuite en Lynch-Moussas et Lynch-Bages.

Son père Arthur est violoniste. chef d’orchestre et chef de chœurs. Il épouse une basquaise et se fixe à Bayonne où Francis naît en 1916, entouré d’un frère et de deux sœurs. Son parrain est l’ami intime de son père: le poète Francis Jammes qui lui donne son prénom. Francis grandit dans un milieu modeste très cultivé, artiste d’une grande ouverture d’esprit. ce qui fait de lui un humaniste doublé d’un hédoniste. Un esprit libre. Mais il est aussi serviable. fidèle en amitié. Des qualités appréciées de ses chefs. qui le classent comme un militaire atypique.
Après des études au lycée de Bayonne,  Francis s’engage dans l’armée de I’Air. Par le jeu des contrats c’est a l’école civile de pilotage de Royan qu’il passe son brevet de pilote
Versé à la 4 ème Escadrille de la 36 ème escadre, il se retrouve au printemps 1937 à Pau et Biarritz dans des missions de surveillance de la frontière. avant l’effondrement de la Zone Nord espagnole. En mai 1939 il accumule près de 500 heures de convoyage qui font de lui l’un des pilotes les plus polyvalents.

Le 8 mars 1940 il évacue d’Orléans à Châteaudun.
C’est en avril que Francis fait de nombreux vols entre Chartres et Châteaudun aux commandes du Fokker réquisitionné. Il transporte du matériel, des archives et des passagers.

3Juin 1940: les convoyages désespérés
Le 15 juin, il descend de Cognac sur Parme en 1h30 de vol. Le lendemain il décolle de Parme à bord du Caudron 690 qu’il amène à Pau en 45mn. Dans la précipitation – Parme grouille d’avions qui arrivent et qui repartent- il décolle pleins volets. A Pau, le 17 juin, il saute dans le Goéland n° 240 pour revenir à Cognac d’où il descend aussitôt sur Pau. Le mardi 25 juin, alors que l’interdiction de vols est en vigueur, il effectue un essai et se pose à Oran après 2h10 de vol.

Juillet 1940 : l’évasion
Francis arrive à Casablanca début de juillet.
Le lundi 29 juillet il décolle aux commandes du Glenn n° 228 avec à bord Guilloux et Bouquillard. Les trois hommes ont décide de rallier Gibraltar, où ils se posent après une heure de vol. Ce même Glenn, piloté par Guilloux, quitte Gibraltar pour St-Eval le 10 août. Il emporte Francis, d’Engassac et le capitaine Pigeaud. C‘est le 19 août que Francis convoie le Glenn sur Lyneham, avant d’être incorporé dans la R.A.F.

1941 : de la RAF à la France libre…
Il commence ses vols sur Blenheim à Odinham le 10 septembre.  Versé au Squadron n° 8, il est envoyé à Aden en même temps que Bonnafé et Masquelier. Il y fait la connaissance de Kelly, Grimshaw, Shannan ; Smith, Thomas et Jones. Il commence les vols de guerre le 11 avril 1941 sur Blenheim IV et participe à la libération d’Addis-Abeba. A la fin du mois il totalise 25h50 en missions sur ce type d’appareil.
Il est très mal vu de I’Etat Major de la France Libre pour avoir rejoint les anglais. C’est alors qu‘il inverse la situation et se fait mal voir des Anglais en rejoignant les F.A.F.L. au G.B.1 du colonel Lionel de Marmier.

Sa polyvalence fait de lui le plus expérimenté des convoyeurs. Après la campagne d’Erythrée Francis se retrouve en Ethiopie. Il retrouve le mécanicien Robert Cunibil qui, abattu et fait prisonnier, vient d’être libéré par les Sud-africains.

Le mercredi 28 janvier 1942, au départ pour Nairobi, Francis perd des tours au décollage à Addis-Abeba. L’air est surchauffé, le terrain est à 2400m. Il se traine un instant au second régime avant de se répandre. Tout le monde sort groggy mais sans mal. Palewski félicite Lynch de leur avoir sauvé la vie… « alors que je venais de faire une connerie » concluait Francis en narrant l’histoire en 1980.

Ce n’est pas le seul accident. A quelque temps de là, en décollant à bord du Bloch MB 81 ambulance, il est à nouveau victime d‘une baisse de régime et termine sa course dans une tente que Leclerc a quittée vingt minutes auparavant. Il y gagne une belle émotion et dix jours d’arrêt.

Francis désire rejoindre une unité combattante. Il obtient d’être muté au groupe Lorraine. Il y fait la connaissance d’un Basco-Belge: le Commandant Michel Fourquet. dit « Gorri » – le Rouge – et accumule les missions avec deux navigateurs bien particuliers : Pierre Mendès-France et Romain Gary. L’écrivain évoque ses vols avec Francis dans La Promesse de l’aube paru en 1960.

Le jeudi 23 décembre 1943 Francis ramène à Hartfordbridge son Boston sérieusement touché par la Flak lors d’une mission sur des rampes de lancement de V1. Il se pose train rentré. Les mitrailleurs le sous-lieutenant Prandi et le sergent Genestal de Chaumeil sont tués. Le navigateur, Georges Goychman, et Francis sont gravement blessés.
Francis ne recommence à voler qu‘en juin 1944…

(A suivre..)

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