L’un des choix les plus cruciaux qu’une entreprise ait à faire est celui de son transitaire. Une société peut exceller dans tous les autres domaines, prendre des décisions parfaites et fonctionner sans faille en interne ; elle peut toutefois sombrer si son transporteur est peu fiable.
Le secteur maritime dans son ensemble est essentiel. Comme l’a rappelé l’ancien Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon : « Les emplois et les moyens de subsistance de milliards de personnes dans les pays en développement, tout comme le niveau de vie dans les pays industrialisés, dépendent des navires et du transport maritime. L’industrie du transport maritime a largement contribué aux progrès spectaculaires des conditions de vie dans le monde, qui ont permis à des millions de personnes de sortir de l’extrême pauvreté ces dernières années. »
Puisque le transport est si capital pour les opérations mondiales, il va de soi que le choix du transitaire est, lui aussi, déterminant pour la réussite de l’entreprise. Voyons comment sélectionner le bon partenaire.
Déterminez vos besoins en fret et l’acteur le mieux placé pour y répondre
Commencez par vous poser une série de questions qui vous aideront à identifier le transitaire le plus adapté.
Êtes-vous un expéditeur à fort ou à faible volume ? Si vous envoyez un nombre moyen ou important de colis chaque jour, il vous faut un transporteur capable de suivre le rythme. S’il n’expédie qu’une ou deux fois par semaine, vous risquez des clients mécontents.
Expédiez-vous en charge complète (FTL) ou en groupage (LTL) ? En LTL, privilégiez un partenaire offrant un bon tarif plutôt qu’un transitaire appliquant un prix forfaitaire identique au FTL.
Quelle est votre zone de service ? Certains transitaires n’opèrent qu’au niveau national, d’autres gèrent aussi l’international. Certains facturent des frais exorbitants pour l’outre-mer ou rechignent aux formalités douanières ; mieux vaut un prestataire rompu aux deux.
La valeur de l’argent : le prix n’est pas toujours roi
Dans le monde des affaires, on privilégie souvent les coûts les plus bas pour augmenter les marges. Pourtant, en logistique, le tarif le moins cher n’est pas forcément la meilleure valeur ni le bon choix.
Imaginons une librairie en ligne spécialisée dans les ouvrages rares, basée à Zurich. Un client albanais commande un exemplaire de The Maltese Falcon en première édition.Le tarif dépend du transitaire, mais, à titre d’exemple, l’envoi « media mail » coûte environ la moitié du « Priority Mail ». La contrepartie : six à huit jours contre un à deux jours. Les clients paient volontiers plus cher pour une livraison rapide ; trop lente, ils achèteront ailleurs.
Autrement dit, des économies de transport peuvent engendrer un coût d’opportunité bien supérieur : perte de ventes, de fidélisation, d’image. L’idéal est un mix de service client, tarifs raisonnables et livraisons rapides.
Tenez aussi compte des imprévus : crises géopolitiques, pandémies, congestion portuaire… Comme l’a rappelé Edmund Zagorin, directeur logistique chez Arkestro, à Forbes Council :« Entre 2020 et 2022, les équipes transport ont découvert que leurs transporteurs contractuels n’avaient plus de capacité sur des axes clés. Il a fallu les remplacer en urgence, à des prix exorbitants, avec des performances “on-time, in-full” médiocres. »
Votre transitaire est-il moderne ou figé dans ses habitudes ?
Demandez-vous si le prestataire adopte les technologies récentes : drones, IA, automatisation… Ces innovations apportent un avantage concurrentiel. Les entreprises familiales à méthodes immuables peuvent être fiables, mais la logistique exige aujourd’hui rapidité et efficacité.
Ainsi, Philip Heilmann expliquait récemment : « Dans notre division logistique, nous rationalisons notre réseau de compagnies aériennes partenaires. Dans tous les domaines, nous accélérons l’automatisation et la numérisation, et nous intégrons l’intelligence artificielle au service client. »
L’automatisation deviendra bientôt incontournable : elle accroît l’efficacité et réduit les délais. Une enquête américaine révèle que 63 % des consommateurs n’attendraient pas plus de deux à trois jours leur achat en ligne ; la tendance est mondiale.
En raccourcissant les délais, vous élargissez votre marché et convainquez de nouveaux clients d’essayer vos produits. S’ils sont satisfaits dès la première commande, ils reviendront.
Choisir le bon transitaire pour votre entreprise
Le choix n’est pas simple : l’offre est vaste. En priorisant les transitaires qui répondent à vos besoins, en reconnaissant que le coût seul n’est pas décisif et en visant des partenaires innovants, vous trouverez le prestataire idéal.
La relation compte aussi. Selon votre situation, vous pouvez opter pour une entreprise locale ou un géant multinational. Tout dépend de vos volumes, de votre tolérance au risque et de vos priorités. Les startups locales peuvent proposer des tarifs séduisants pour vous attirer, mais la prudence est de mise : un mauvais choix se solde par des retards, des clients furieux et des pertes de chiffre d’affaires.